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voyage en pologne jean zay
10 novembre 2012

Auschwitz en BD, Pascal CROCI, 2000

Pascal Croci est né en 1961 et vit actuellement en Aveyron. Il s'est consacré pendant dix années à la bande dessinée historique et religieuse pour divers magazines. Après avoir vu ou revu plusieurs documentaires ou films sur la déportation, il publie en 2000 une bande dessinée réaliste qui représente Auschwitz de manière moins symbolique, il l'intitule Auschwitz.

Cet album lui a demandé cinq ans de travail en raison de la documentation mais surtout de la recherche d'un éditeur, car peu d'entre eux voulaient se risquer dans cette aventure. Un débat fut alors engagé : peut-on faire des camps le décor graphique d'une fiction?

En effet, ce document-fiction fourmille de réalisme : poupée abandonnée, déporté qui doit sa survie aux dessins qu'il esquisse sur le courrier des officiers nazis, interminables séances d'appel du camp, " travail " terrible du SonderKommandos...Ce récit met en scène Kazile et Cessia, un couple ayant survécu au camp d'Auschwitz-Birkenau, et qui se remémorent prés de cinquante ans plus tard ce qu'ils ont vécu chacun de leur côté. A travers leurs yeux est suggérée toute l'horreur de la déportation : l'attente de la mort à l'entrée des chambres à gaz, les expériences de Mengele...

Par pudeur et pour rester dans une atmosphère grave, proche de celle d'Auschwitz, il a dessiné cette histoire en noir et blanc. Son dessin, crayonné puis légèrement encré, reste malgré tout très beau. Il offre la vision de corps et de visages défaits, exsangues, aux yeux gigantesques.

" On ne voyait d'abord que les yeux dans le visage des déportés qui revenaient de l'enfer ", souligne un des témoins interrogés par l'auteur.

" Je voulais un rendu réaliste en noir et blanc, sans effets de style. Mon premier souci, plus que la reconstitution historique, a été d'éviter tout voyeurisme. Je n'ai pas représenté visuellement de fours crématoires. J'ai préféré me mettre à la place d'un déporté qui voit la fumée et qui sent l'odeur de la mort en permanence. Quant à la scène de la découverte des corps dans la chambre à gaz, le personnage comme le lecteur, se sent écrasé par cette incroyable vision d'horreur.

J'avais aussi l'angoisse de refaire les mêmes images. Il y a de la brume partout une atmosphère pesante, je ne voulais pas montrer l'horizon pour que le lecteur pénètre dans un endroit intemporel. Cette représentation est proche des souvenirs des témoins. Pour eux, Auschwitz c'est un lieu froid, brumeux où règne la mort. Cependant je n'ai pas été graphiquement fidèle à certains détails historiques : par exemple les armes. Le lecteur sait que cet objet sert à tuer, cela suffit. "

Pascal Croci nous pousse à réfléchir au fait que cela puisse se reproduire, notamment en faisant réapparaître les deux personnages en 1993, en ex-Yougoslavie où ceux-ci sont emprisonnés, accusés de trahison politique. Ainsi l'album ne ravive donc pas seulement la mémoire, mais la lie aussi à l'actualité la plus récente.

Même si cette histoire est une fiction, elle est, bien sûr, inspirée de témoignages recueillie par l'auteur auprès de personnes ayant survécu à cet, hélas, célèbre camps de la mort. Tous ces témoins, tous ces survivants, avouent eux-mêmes avoir ressenti a priori quelque méfiance à l'égard du traitement d'un tel sujet par la bande dessinée. Mais l'approche de l'auteur et de l'éditeur, le réalisme très documenté du récit, le souci d'authenticité et enfin la confiance établie entre les divers protagonistes ont été les plus forts. " Je ne suis ni historien ni documentaliste, j'ai voulu être le témoin de mes témoins ", affirme-t-il en citant à la fin de l'album plusieurs de ceux-ci tels que Kaziemierz Kac, qui sert de fil conducteur au récit sous le nom de Kazik... Il rajoute même des extraits d'entretiens qu'il a eu avec eux.

Avant tout cet album était surtout un devoir de mémoire.

Néanmoins Pascal Croci ne double pas le récit d'interrogations personnelles, pas plus qu'il ne met en scène sa propre histoire, contrairement à Art Spiegelman, auteur de Maus.

En effet l'oeuvre reflète avant tout la personnalité de l'artiste, la façon dont il est influencé par les événements. La construction d'une oeuvre est toujours orientée par des émotions, des idées.

 

 

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